Conflit Iran/Israël : quelles implications pour les marchés ?
juin 2025
Dans la nuit du 12 au 13 juin 2025, Israël a lancé plus de 100 frappes aériennes contre des sites militaires nucléaires en Iran, tuant plusieurs hauts responsables (dont le chef des Gardiens de la Révolution Hossein Salami) et en détruisant une centaine de sites, dont des installations nucléaires, des sites de missiles balistiques et des centres de commandement militaire. Israël affirme que l’Iran était sur le point de fabriquer neuf armes nucléaires et prévoyait d’en transférer certaines à ses milices alliées. En représailles, Téhéran a promis une riposte d’ampleur, envoyant notamment une centaine de drones vers Israël. Ces développements marquent une escalade majeure au Moyen-Orient, déclenchant un choc sur les marchés financiers mondiaux. Immédiatement, le pétrole s’est envolé de +8 à +9% sur la nouvelle, atteignant ses plus hauts niveaux depuis cinq mois, tandis que les actions chutaient d’environ 1% en Europe et en Asie dans un mouvement de “flight to quality” généralisé. Les investisseurs, pris au dépourvu par cette “déclaration de guerre” imprévue, ont fui les actifs risqués pour se réfugier vers les valeurs sûres.
Notre arbitrage sur les portefeuilles Réalisateurs et cryptos le 6 juin dernier a été bénéfique
Nous avons considérablement réduit notre exposition aux actifs risqués après avoir profité d’un rebond record au mois de mai. Ainsi nous nous attendons à ce que les solides résultats générés depuis le début de l’année soit protégés dans ce contexte.
A titre d’exemple, sur nos portefeuilles Spielberg Equilibre, à l’occasion de cet arbitrage, nous sommes passés d’une position de 68% d’actions amorcée le 9 mai à une position actuelle de 22.5%.
L’énergie en hausse
En quelques heures, le Brent a pris jusqu’à +10% en intraday avant de réduire son avance. Il s’agit du plus fort sursaut depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, alimenté par une prime de risque géopolitique renaissante. Les analystes préviennent que dans le pire scénario (blocage d’Ormuz ou attaques sur les infrastructures pétrolières régionales), les cours pourraient grimper vers 120-130 $ le baril – un choc rappelant 1973. Les secteurs de l’énergie et du pétrole s’imposent comme des choix évidents dans ce contexte. Cela inclut également les utilities, notamment celles dominées par la production d’électricité. BP, Total et Shell font partie des valeurs les plus exposées positivement à une hausse du prix du brut. Galp devrait également en bénéficier. A noter que la hausse des coûts de l’énergie risque de rogner les marges de nombreuses industries consommatrices (chimie, matériaux, transports), ce qui accentue la rotation sectorielle en cours.
Classique ruée vers les valeurs refuges
- Or et métaux précieux : Le regain d’aversion au risque et la possible poussée d’inflation alimentent cet attrait pour l’or, d’autant que les taux réels pourraient rechuter.
- Marchés obligataires : taux courts en hausse, taux longs en baisse : Les taux 10 ans des principaux pays ont fléchi ce matin, reflet d’une ruée vers la sécurité. A l’inverse, les taux cours (2 ans) se tendent ou restent élevés : les anticipations d’une politique monétaire accommodante reculent. La courbe des taux se replate voire s’inverse davantage, ce qui pénalise les banques : un coût de financement à court terme plus cher combiné à des taux longs en baisse érode leurs marges d’intérêt. Les valeurs financières souffrent donc ainsi que le secteur immobilier coté.
- Dollar et Franc suisse plébiscités : Sur le marché des changes, la réaction est conforme à un scénario de stress géopolitique. Le billet vert joue pleinement son rôle de devise refuge mondiale lorsque l’incertitude monte. L’euro recule modérément face au dollar, les investisseurs anticipant que l’Europe serait économiquement vulnérable à un choc pétrolier prolongé (elle reste importatrice nette d’énergie).
Marchés actions : baisse généralisée, rotation défensive
Les places boursières mondiales décrochent en réaction à cette flambée des tensions. Ce repli masque d’importantes disparités sectorielles : outre l’énergie, le secteur de la défense profite de la situation (BAE Systems : +2.8% à Londres). Les valeurs cycliques et sensibles aux coûts énergétiques sont à la peine. Les compagnies aériennes plongent (Air France-KLM -5%, Wizz Air -5%), pénalisées par le carburant cher et l’espace aérien potentiellement restreint. Les grandes banques et assureurs voient aussi leurs cours reculer dans le sillage des taux longs en baisse et stress généralisé sur le crédit.
Perspectives macroéconomiques
Cette flambée des prix de l’énergie survient alors même que l’économie mondiale montrait des signes de désinflation récente. Certains soulignent que ce type de hausse du pétrole constitue un “choc de stagflation classique”, freinant la croissance tout en alimentant la hausse des prix. Les banques centrales (FED, BCE) pourraient adopter une posture plus hawkish ou retarder d’éventuelles baisses de taux prévues. A court terme, on peut s’attendre à ce que la FED et la BCE maintiennent un biais prudent, réaffirmant leur vigilance quant à l’évolution des prix.
L’incertitude géopolitique demeure élevée quant à l’ampleur qu’atteindre ce conflit Iran/Israël. A ce stade, les marchés intègrent un scénario central de confrontation contenue : attaques et ripostes limitées entre Israël et l’Iran, sans embrasement régional majeur ni implication directe des Etats-Unis. Cette hypothèse expliquerait pourquoi, malgré le choc initial, les mouvements restent ordonnés (baisse modérée des actions de ~1-2%, pétrole à ~75$ et non 100+$). En effet, les investisseurs jugent peu probable une guerre ouverte généralisée impliquant d’autres puissances. Les précédents historiques (frappes ponctuelles, tensions régionales) montrent souvent un impact financier transitoire, avec un reflux de l’or et du pétrole dès que la situation se stabilise. En revanche, le risque d’un dérapage n’est pas nul. Si l’Iran riposte fortement (par ex. attaques sur des infrastructures israéliennes ou sur des intérêts américains dans la région) ou si des acteurs tiers s’en mêlent (milices régionales, blocage d’Ormuz, implication saoudienne ou américaine), le conflit pourrait s’intensifier.
Dans ce contexte, nous maintenons notre prudence sur les marchés avec le positionnement actuel favorisé par les évènements. Toutefois, nous restons extrêmement vigilants aux newsflow diplomatiques et militaires dans les prochains jours.

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