Focus Marchés – Du XXL sur les marchés

Par Michael Sfez

Biden qui lance son plan XXL, le Bitcoin qui dépasse les $50 000, des variations à 3 chiffres en une journée de certaines valeurs poussées par des réseaux en furie. Place à la testostérone sur les marchés à tel point que l’on reparle d’inflation !

Une piqûre de plus, Monsieur le Marché ?

Avec le nouveau plan de stimulus budgétaire lancé par Joe Biden aux Etats-Unis, plus de $28000 milliards auront été débloqués par les Etats pour répondre à la crise liée au COVID-19 soit 33% du PIB mondial. 38% de ce stimulus mondial proviennent des Etats-Unis désormais entraînant une forte augmentation de leur dette en passant près de 140% du PIB contre 100% environ avant COVID. Ce sera plus de $2000 qui auront été versés directement aux ménages américains.

Les déficits des pays développés se rapprochent désormais des ceux de la seconde guerre mondiale selon le FMI et Goldman Sachs.

Une épargne record qui participe à la fièvre boursière

Cet afflux de capitaux a pour conséquence l’augmentation d’une épargne considérable. En effet, la Vice Présidente Richard Clarida dans son discours de novembre mentionnait « dans ma carrière, il s’agit de la seule crise où je vois le revenu disponible augmenter alors que nous sommes en profonde récession et une part significative de ce revenu a été épargnée ». Cet excès d’épargne également vu en France représenterait un potentiel de consommation de $ 1000 milliards aux Etats-Unis. Ce qui laisse augurer d’une reprise forte et rapide dès que la circulation des hommes redeviendra possible. Ainsi la hausse des marchés actions que nous connaissons depuis plusieurs mois serait justifiée.

Mais avec cette épargne abondante, l’appât du gain rapide et le risque refait surface. Nous assistons à une série de records sur les marchés à la hausse comme à la baisse. Le bitcoin ou l’épisode Gamestop en sont des exemples largement commentés dans les médias. Les réseaux sociaux, les entrepreneurs stars tels Elon Musk ont pris le pas sur les Warren Buffet en matière d’influence sur les marchés.

Tel Ulysse, résister aux chants des sirènes

Ces excès liés à la « bourse casino » utilisée par des « joueurs néophytes » plus ou moins riches représentent un poids plus important et cela nous rappelle que nous sommes aujourd’hui dans un marché sensible car relativement cher.

Ainsi, il est essentiel de ne pas se précipiter et de faire preuve de raison avant d’investir sur une action ou sur une cryptodevise.

Notre positionnement actuel

Ces excès ne nous inquiètent pas sur la direction des marchés à court terme, en effet nous pensons qu’avec la crise du COVID, nous avons eu une sorte de « reset » sur les marchés en 2020. Début 2020, nous étions à un stade très avancé du cycle économique (11 ans de croissance continue), cela nous avait valu une grande prudence dans nos portefeuilles. Le confinement de mars et la crise sanitaire ont totalement rebattu les cartes en nous faisant revenir à un début de cycle avec une récession « flash » très courte mais brutale qui va laisser place à une reprise économique toute aussi forte selon nous. De plus, le soutien des banques centrales et des états (peut-être d’ailleurs trop extravagant notamment avec le dernier plan de l’administration Biden) sont des facteurs qui alimentent la confiance des marchés.

Ainsi nous sommes positifs sans être euphoriques sur les marchés actions vu le niveau des valorisations. L’une des raisons à cela réside dans la forte progression de la vaccination et l’amélioration de la situation sanitaire aux Etats-Unis.

Toutefois nous avons fortement réduit notre exposition au marché Chinois qui a largement surperformé les autres marchés sur les 12 derniers mois. Nous pensons que les tensions avec les Etats-Unis devraient perdurer et l’administration Biden cherchera certainement par tous moyens à diminuer la domination chinoise sur les terrains économiques, technologiques, industriels et géographiques. Sa domination sur les terres rares ne fera qu’accentuer les tensions. La reconfiguration des chaînes de production nous paraît faire partie des réflexions actuelles des multinationales notamment avec l’attention forte sur les politiques ESG (Environnement, Social et Gouvernance). Enfin, l’économie Chinoise est la seule à avoir affiché une croissance positive en 2020. Ainsi ils sont sortis bien avant tout le monde de la crise de manière très forte. Une surchauffe de l’économie les obligerait à resserrer leur politique monétaire bien avant tout le monde.

Dans ce brouhaha, il est important d’être sélectif

Bien que nous soyons assez neutres en termes d’exposition actions dans nos portefeuilles, nous continuons à privilégier certains secteurs comme celui de la consommation, des services financiers innovants et des télécommunications. En effet, ces secteurs sont favorisés respectivement par la réouverture des économies, l’afflux de liquidités, la digitalisation avec de plus en plus d’opérations en ligne et enfin le déploiement de la 5G notamment. Le potentiel de consommation supplémentaire tiré par l’excès d’épargne mentionné plus haut est gage d’une reprise très forte notamment aux Etats-Unis dont l’économie repose énormément sur la consommation. Enfin, la génération des Millenials (nés dans les années 80 et représentant 68 millions aux Etats-Unis et 800 millions en Asie) atteignent l’âge de la première acquisition immobilière et du début de l’enrichissement personnel.

Sur la partie des actifs défensifs, nous privilégions le fonds en euros car nous nous attendons à ce que les taux remontent suite aux politiques budgétaires massives.

Pic inflationniste ou…

La politique de Biden pourrait à notre sens être trop forte et arrive tardivement alors que la campagne de vaccination a bien démarré aux Etats-Unis. Des mouvements de hausse de taux sur les marchés obligataires liés à des attentes inflationnistes pourraient entraîner la baisse des marchés actions qui deviendraient moins attractifs. Nous avons le sentiment qu’un pic d’inflation pourrait se faire sentir au regard de la hausse record d’un grand nombre de matières premières (blé, bois, métaux industriels, métaux précieux…) et de la forte hausse du fret et des containers suite au fort pic de la demande avec la liberté de mouvement retrouvée. Selon l’indice Freightos Baltic, le prix d’un container de 40 pieds a franchi la barre des $4000 alors qu’il était de $1500 il y a un an.

Il est probable que ce pic d’inflation lié aux matières premières et à ces hausses de fret ne sera pas soutenable sur le long terme et qu’il est simplement lié à la réouverture des économies et cette reprise forte.

Inflation durable ?

Sur le long terme, les dépenses budgétaires et la hausse des salaires (aux Etats-Unis, alors que la mesure du salaire minimum de $15 par heure ,soit 107% de plus que le salaire minimum actuel, n’est pas passé, certaines entreprises ont annoncé des salaires minimum pour répondre à la forte concurrence actuelle et profiter de la croissance exceptionnelle sur les deux prochaines années) sont des facteurs d’accélération de l’inflation.

Une inflation sur le long terme serait préoccupante car elle entraînerait une hausse des taux, la fin des politiques accommodantes et au regard de la cherté de certains actifs (notamment l’immobilier), cela pourrait avoir un impact fort négatif sur les actifs risqués. Sans compter que certaines dettes d’état avec des taux sous tension deviendraient difficilement tenables et la confiance envers certains pays pourrait être ébranlé sur les marchés obligataires. Et là, on pourrait avoir une crise beaucoup plus compliquée à gérer que la dernière crise financière.

Les autres points à surveiller selon nous

Les autres risques que nous percevons :

–          L’asymétrie du risque : vu le niveau de valorisation très élevé sur certains marchés et secteurs, toute mauvaise nouvelle pourrait se faire sentir de manière exagérée

–          Les mouvements sociaux : du fait de l’accélération des inégalités liée à la crise du COVID, nous nous attendons à une recrudescence de ces mouvements une fois la crise sanitaire passée.

–          Les tensions sino-américaines qui ne devraient pas s’améliorer selon nous.

Diversifier ses sources de croissance avec le non coté

2021 ne sera pas différente de ce que nous vivons depuis 5 ans en termes de volatilité. Sur les 5 dernières années, nous avons compté cinq baisses de plus de 10% sur les marchés actions. Sur les 5 années précédentes, il n’y en avait eu que deux. Cela devrait offrir de nouvelles opportunités pour les investisseurs qui seront agiles et justes. C’est tout ce que l’on peut se souhaiter…

Par ailleurs, nous sommes convaincus que dès lors que votre patrimoine vous le permet, une exposition aux actifs non cotés (ex: private equity) fait beaucoup de sens pour capter la croissance des sociétés les plus dynamiques.

En effet, le nombre d’entreprises cotées qui affichent une croissance supérieure à 8% a fortement diminué sur les deux dernières décennies (elles représentaient 45% en 2000/2001, source : KKR). En dehors de la technologie, les sociétés composant les indices actions mondiaux ont peu généré de croissance des résultats.

Performances moyennes de nos portefeuilles assurance vie depuis le début de l’année au 24.02.2021

Portefeuilles Kermony Chaplin (sécuritaire) : 0,3% (tous frais compris)

Portefeuilles Kermony Leone (prudent)  : 1,1% (tous frais compris) vs.0,5% pour la moyenne des fonds concurrents (catégorie Quantalys – Allocation Prudent Monde, hors frais assurance vie)

Portefeuilles Kermony Spielberg (équilibre) : 2,4% (tous frais compris) vs.1,7% pour la moyenne des fonds concurrents (catégorie Quantalys – Allocation Equilibre Monde, hors frais assurance vie)

Portefeuilles Kermony Eastwood (dynamique) : 2,2% (tous frais compris) vs. 3,1% pour la moyenne des fonds concurrents (catégorie Quantalys – Allocation Offensive Monde, hors frais assurance vie)

Portefeuilles Kermony Tarantino (actions): 4,2% (tous frais compris) vs 4,8% pour la moyenne des fonds concurrents (catégorie Quantalys – Actions Monde)

Source : Quantalys. Les performances passées ne présagent pas des résultats futurs.
Focus Marchés

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