Focus Marchés : Mistral gagnant

Par Michael Sfez - Rédigé le 11 décembre 2020

Avec l’annonce de trois vaccins (Pfizer/BioNTech, Moderna et AstraZeneca/Oxford) et de leur efficacité contre le virus, le mois de novembre aura été un tournant dans cette année de crise du COVID-19. Cette annonce a fait l’effet d’un électrochoc qui a conduit les marchés à passer en mode « risk on » et a alimenté le rallye déjà engagé avec le résultat des élections US. Qu’on le veuille ou non, ces annonces ont agi comme un véritable souffle sur le brouillard des mois à venir et ont dégagé l’avenir et diminué les inquiétudes sur les perspectives économiques. Les investisseurs ont vu la lumière au bout du tunnel et au cours de ce mois, ce sont les grands perdants de la crise qui ont vu leurs cours le plus fortement progressé.

Durée de vie limitée pour le COVID-19

La fin de la crise du COVID-19 est maintenant en vue, mais le chemin de la reprise risque d’être encore agité avec les tentatives des gouvernements de maîtriser l’expansion du virus favorisé par l’hiver. En Europe, les mesures restrictives ont eu l’air de porter leurs fruits avec une forte baisse des infections. Toutefois, beaucoup attendent l’arrivée d’une troisième vague alors que les Etats-Unis subissent une forte nouvelle vague suite aux fêtes de Thanksgiving. L’impact des mesures restrictives sur l’économie Européenne s’est fait clairement ressentir dans les dernières statistiques.

La victoire nette de Joe Biden a plusieurs implications pour l’avenir : certainement moins d’affrontements avec les autres pays avec un retour au multilatéralisme et un usage plus rare des tarifs douaniers. Par ailleurs, nul doute que les Etats-Unis vont désormais s’engager activement sur la lutte contre le changement climatique en rejoignant l’accord climat de Paris dès le premier jour. Nous pensons que cette posture agira certainement comme un des facteurs de soutien à la reprise économique.

Bien qu’il y ait reprise aux Etats-Unis, celle-ci montre des signes d’essouflement (indicateurs des directeurs d’achats avancés moins bons que prévus, confiance des consommateurs en baisse). Du côté de l’Europe, les mesures de confinement ont à nouveau augmenté l’écart entre les secteurs industriels et les services. La confiance des consommateurs a également été touchée par ces nouvelles mesures. Par ailleurs, le plan de relance annoncé de €750 milliards a subi le veto de la Hongrie et de la Pologne reportant sa mise en oeuvre. Par ailleurs, les négociations sur le Brexit patinent et la perspective d’un « no deal » n’est plus très loin.

Notre position : prise de gains et retour à la neutralité

Nous avons ainsi décidé de revenir à une position plus neutre en matière d’exposition actions après avoir fortement surpondéré les actions dans nos portefeuilles suite à l’annonce des vaccins. En effet, le brouillard causé par la pandémie du COVID est en train de se dissiper en partie avec l’annonce des trois vaccins.

Cette surpondération des actions a été positive puisque les marchés ont fortement progressé et pour certains ont connu leur meilleur mois depuis longtemps.

Nous restons relativement optimistes sur les marchés actions pour différentes raisons :

Au-delà des services, l’industrie mondiale repart avec des statistiques qui montrent désormais que nous sommes bien dans une situation de croissance en V dans un certain nombre de régions.

Typiquement, le PMI industriel américain est ressorti en novembre à 56.7 (substantiellement au dessus du 53.4 du mois d’octobre soit la plus forte augmentation mensuelle depuis 2014). La Chine ; qui sera certainement la seule économie à afficher une croissance positive devrait contribuer selon l’OCDE à 1/3 de la croissance mondiale en 2021. Les usines chinoises ont fonctionné à plein affichant leur plus forte progression depuis une décennie. Les usines Européennes ont également vu leur activité grandir à un rythme moins soutenue cependant que le mois précédent.

Selon JPMorgan, l’activité manufacturière mondiale a progressé à un rythme pas vu depuis janvier 2018.

Cette progression est très bien illustrée par une forte hausse du cours de certaines matières premières comme le cuivre qui a atteint son plus haut niveau depuis mars 2013.

Nous nous attendons à un élan fort de la consommation dès lors que les vaccins seront déployés (cela ne se fera pas toutefois sans difficulté comme nous l’écrivions il y a quelques mois). Typiquement, Lufthansa a annoncé qu’elle augmenterait le nombre de ses vols vers les destinations de l’Europe du Sud suite à une forte demande autour des congés de Noël. Cela témoigne selon nous d’un retour vers les services de loisir sans précédent après cette période d’isolement et de privations.

Le soutien des banques centrales et des gouvernements (notamment avec le nouveau plan de relance aux Etats-Unis) devrait perdurer. A l’heure où nous vous écrivons, la BCE vient d’annoncer le renforcement et le prolongement de son programme d’achats jusqu’à mars 2022.

Nous ne sommes pas adeptes du « en même temps » mais bien que nous soyons positifs, nous nous attendons à ce que les marchés actions progressent à moyen terme mais nous percevons des signes négatifs à court terme :

La pandémie continue d’être très présente avec une dégradation de la situation aux Etats-Unis et une troisième vague déjà attendue pour l’Europe

Les chiffres d’emploi notamment aux Etats-Unis montrent que la reprise de l’emploi est moins forte que prévue et que les licenciements liés à la pandémie progressent

Les tensions avec la Chine vont perdurer :  l’entrave à l’enquête internationale sur l’origine du virus par les autorités Chinoises, les récentes lois exigeant des sociétés chinoises cotées sur les marchés américains de donner accès aux régulateurs à leurs audits financiers sur trois ans et d’informer si ces sociétés sont sous contrôle du gouvernement, …

Les mesures et sanctions envisagées contre les Big Tech avec des possibles mesures de démantèlement.

En Europe, les difficultés en matière de gouvernance persistent et se cumulent : un plan de relance qui tarde à se mettre en place en raison du veto de la Hongrie et de la Pologne, un Brexit toujours pas conclu et qui pourrait se faire sans accord et entraîner une forte instabilité en Europe pouvant donner à certains l’idée de suivre le Royaume-Uni pour ne plus subir les normes et exigences européennes.

Performances de nos portefeuilles

Nos portefeuilles affichent désormais des performances au dessus de leurs objectifs annuels comme en témoignent les performances de nos portefeuilles modèles depuis le début de l’année et se positionnent significativement en avance par rapport aux fonds de même catégorie de risque:

Moyenne des portefeuilles Kermony Chaplin (sécuritaire) :2.71%(tous frais compris)

Moyenne des Portefeuilles Kermony Leone (prudent) : 4.34% (tous frais compris) vs.0.79% pour la moyenne des fonds concurrents (catégorie Quantalys – Allocation Prudent Monde, hors frais assurance vie)

Moyenne des Portefeuilles Kermony Spielberg (équilibre) : 10.27% (tous frais compris) vs.1.53% pour la moyenne des fonds concurrents (catégorie Quantalys – Allocation Equilibre Monde, hors frais assurance vie)

Moyenne des Portefeuilles Kermony Eastwood (dynamique) : 11.17% (tous frais compris) vs. 2.52% pour la moyenne des fonds concurrents (catégorie Quantalys – Allocation Offensive Monde, hors frais assurance vie)

Moyenne des Portefeuilles Kermony Tarantino (actions internationales) : 14.39% (tous frais compris) vs 5.95% pour la moyenne des fonds concurrents (catégorie Quantalys – Actions Monde)

Source : Quantalys. Les performances passées ne présagent pas des résultats futurs.

Nos actifs privilégiés pour capter les changements structurels causés par cette crise

Cette crise du COVID nous amène à nous adapter pour profiter des opportunités de long terme liées aux changements structurels que sont :

  •       Le changement des modes de consommation
  •       L’accélération de l’industrie 4.0 avec la robotisation
  •       L’évolution vers un monde bipolaire (voire notre note de septembre) et un protectionnisme pour des raisons de sécurité nationale

Dans ce cadre, nous sommes revenus à des positions actions relativement neutres après les avoir fortement surpondérées ces dernières semaines.

Nous restons investis sur les petites capitalisations, segment plus agile moins exposé aux difficultés que pourraient causer un protectionnisme grandissant et qui est plus riche en matière de secteurs d’avenir –(technologique, santé,…).

En termes d’actifs de croissance, nous considérons que cette crise offre une fenêtre d’entrée très attractive au private equity qui permettra à nos clients de tirer parti de l’expansion de sociétés en forte croissance grâce à la digitalisation, la croissance organique ou la croissance externe.

Pour ce qui est des actifs de rendement, nous privilégions la dette privée et certains produits structurés selon le timing.

Il est difficile de prévoir ce que sera 2021, mais nous ne nous attendons pas à avoir les résultats à deux chiffres que nous avons connus sur 2020 sur les actifs cotés (nos portefeuilles réalisateurs) qui restera une année unique avec une volte-face démesurée. Cette crise nous a offert des opportunités à caractère exceptionnel. Nous sommes heureux d’avoir pu être au rendez-vous mais nous nous attendons à ce que l’année 2021 revienne vers une certaine normalité même si nul doute que beaucoup de choses seront différentes après cette crise sanitaire. L’intégration d’actifs non cotés dans son patrimoine sera clé pour augmenter le potentiel de croissance et de rendement.