Peut-on « snober » les élections américaines ?
octobre 2024
L’élection présidentielle et les marchés : entre incertitude et opportunités
Nous sommes officiellement dans cette période où les investisseurs commencent à se focaliser sur l’élection présidentielle, rejoignant ainsi l’intérêt des médias pour un événement qui est censé avoir un impact majeur. Mais les marchés, jusqu’à présent, ont démontré une certaine résilience face à cette incertitude. Alors, quel est réellement l’impact des élections sur les marchés ?
Les élections : un impact souvent surestimé
Les élections ont un impact, certes, notamment sur les préférences personnelles, les convictions politiques, la vision civique et culturelle, et dans une certaine mesure sur les marchés et l’économie. Mais toute la question réside dans l’ampleur de cet impact. Les élections sont souvent surestimées quant à leur capacité à améliorer la vie d’un individu, les conditions du pays, et oui, les marchés. Cependant, une vision plus modeste de leur impact ne doit pas être confondue avec de l’apathie.
Les sondages montrent un pays divisé avec des chances à 50/50 pour chaque candidat. Ce qui pourrait réellement affecter les marchés, au-delà du vainqueur, c’est l’incertitude qui règne à l’aube de cette élection.
Quel candidat est meilleur pour votre portefeuille ?
Vous vous demandez peut-être quel candidat serait le plus favorable pour votre portefeuille ? Un petit secret : sous présidence républicaine, les marchés ont souvent été en hausse. Et devinez quoi ? Sous présidence démocrate aussi.
Source : Ritholz Wealth Management, data via Bloomberg Finance L.P. 6 Août 2024. Données en USD.
L’histoire moderne le prouve. Que ce soit Herbert Hoover, souvent blâmé pour la Grande Dépression, ou que George W. Bush et la crise financière de 2008, on observe une constance : les baisses de marchés sont similaires sous les présidents des deux partis, et le taux de croissance annuel cumulé est quasiment identique. Pour les républicains qui affirmaient qu’Obama serait un désastre pour l’économie, la bourse a été en hausse pendant ses huit années au pouvoir. De même, pour les démocrates qui pensaient que Trump serait néfaste pour les marchés, ils ont pourtant connu une augmentation de 70% pendant sa présidence, malgré la pandémie.
Politique fiscale, dérèglementation et volatilité
Si l’on remonte un peu plus loin, les politiques fiscales et de dérèglementation de Ronald Reagan ont sans doute aidé les marchés, mais la période de croissance économique des années 1980 allait bien au-delà de ses réformes. De même, le boom technologique sous Clinton ne peut être attribué uniquement à sa présidence. Le timing reste la clé.
En 2018, la volatilité des marchés était principalement due à l’incertitude entourant la politique de la Fed et les tarifs douaniers sous Trump. La politique fiscale seule ne suffit pas à expliquer les mouvements des marchés. En réalité, la déréglementation, la politique énergétique, et même la politique commerciale ont joué des rôles cruciaux.
Les programmes économiques actuels : une grande incertitude
Comment évaluer les deux possibilités présidentielles actuelles qui restent relativement imprécises ? Jusqu’à présent, Kamala Harris a déclaré que son programme économique visait à donner à la FTC la capacité de mettre en place des contrôles des prix dans les supermarchés (on lui souhaite bonne chance), à offrir 25 000 $ aux primo-accédants pour les aider avec leur apport, à instaurer un crédit d’impôt de 6 000 $ par enfant, et à arrêter de taxer les pourboires des travailleurs des services. Donald Trump a mentionné les deux derniers points avant elle, et a également déclaré qu’il allait « faire de l’économie la plus grande que vous ayez jamais vue ». Un slogan très attractif mais dont on n’a aucune certitude sur la manière dont il compte s’y prendre. Trump a évoqué des droits de douane élevés sur les produits importés, mais aussi le fait de les utiliser comme un levier de négociation. Il n’a pas beaucoup parlé des taux d’imposition. Il a généralement fait allusion à la déréglementation, mais sans préciser dans quels domaines il la mettrait en œuvre. Il est raisonnable de penser qu’il pousserait pour davantage d’approbations dans le domaine énergétique (forages, pipelines, projets, etc.). Mais, en réalité, aucun des deux candidats n’a été précis sur ses idées politiques.
L’éléphant dans la place : la dette publique
Quel que soit le vainqueur de cette élection, un problème reste sans réponse : la dette publique. En effet, la dette nationale est passée de 19 000 à 28 000 milliards de dollars sous Trump, et a augmenté de 7 000 milliards supplémentaires sous Harris. Temps de paix ou de guerre, bonne ou mauvaise conjoncture économique, c’est l’un des rares sujets véritablement bipartisans : les dépenses publiques continuent de croître.
Face à des niveaux de dette insoutenables et à des ratios dette/PIB alarmants, il est évident que des solutions s’imposent. Mais aucune de ces solutions n’est sur la table en 2024. Personne ne parle de solvabilité de la Sécurité sociale ou de retour à un budget équilibré, alors même qu’il s’agit probablement du plus grand défi économique de notre génération.
Une élection marquée par l’incertitude
Cette élection a été marquée par des événements extraordinaires, comme la tentative d’assassinat de Donald Trump et la décision de dernière minute de remplacer Joe Biden par Kamala Harris. Ces bouleversements ont perturbé les modèles traditionnels de prévision électorale, mettant les deux partis sous pression pour ajuster leurs stratégies. Les États clés, tels que l’Arizona, la Géorgie, le Michigan ou la Pennsylvanie, seront décisifs pour déterminer le vainqueur.
Stratégie : maintenir le cap et être prêt à agir
Comme le dirait Warren Buffet : « La bourse est un dispositif qui transfère l’argent des impatients aux patients. » Sortir du marché en réaction à une élection incertaine n’a pas beaucoup de sens. Ce qui est essentiel, c’est de continuer à revoir les portefeuilles et à surveiller les opportunités. Cela nous permettra d’être prêts à agir, que ce soit pour acheter ou vendre, lorsque les conditions du marché le permettront.
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