Revue des marchés – Avril 2022

Indices Description Performances en euros sur 3 mois Performances en euros depuis le début de l’année
CAC 40 Actions France -1.6% -9.6%
MSCI EMU Actions de la zone Euro -2.7% -12.5%
S&P 500 Actions US -5.1% -6.1%
ICE BofA Euro Broad Market Obligations de la zone Euro -0.3% -4.6%
S&P GSCI Matières premières -1.5% 46.5%

*Source: Factset, performances en euros au 26 avril 2022. Les performances passées ne présagent pas des résultats futurs.

 

Des nouvelles pressions inflationnistes avec le conflit Russie-Ukraine

Après une année 2021 exceptionnelle, le premier trimestre 2022 a été difficile pour les marchés. Les inquiétudes concernant les implications de l’attaque de l’Ukraine par la Russie et le besoin potentiel pour un rythme plus élevé de hausse des taux d’intérêts pour freiner l’inflation ont pesé sur les actions et les obligations.

La Russie est un producteur majeur d’énergie et de matières premières. L’escalade des tensions ont poussé les prix de l’énergie et des matières premières à de nouveaux plus hauts, exacerbant le phénomène inflationniste, les ruptures des chaînes d’approvisionnement et les risques sur la croissance économique mondiale.

Les cours du brut et du gaz naturel ont été particulièrement volatiles dans cette période et finissent le trimestre avec des hausses respectives de 33% et de 55% depuis le début de l’année.

Les marchés actions des pays développés ont récupéré une partie de leurs pertes en fin de trimestre. Les marchés émergents ont quant à eux accentuer leurs pertes. Une nouvelle vague de cas Omicron en Chine a pesé sur les marchés chinois en sus des inquiétudes géopolitiques.

Les attentes d’une politique de resserrement monétaire plus dure ont alimenté la hausse du dollar qui a fini le trimestre en hausse de 3% par rapport à l’euro.

Des banquiers centraux qui font volte face

Les commentaires sur le caractère transitoire de l’inflation n’ont plus lieu d’être. Ils ont laissé place à des positions de « faucons » pour un resserrement rapide entraînant une hausse importante des taux d’intérêt. Le déclenchement de la guerre a posé un dilemme pour les banquiers centraux qui sont forcés à choisir entre la lutte contre l’inflation et le soutien à la croissance.

Les banquiers centraux s’accordent que l’inflation est la première des luttes à moins d’une détérioration claire de l’environnement économique.

L’inflation en zone euro a été revue à la hausse à 5,9% et les Etats-Unis ont atteint un record de 40 ans avec une inflaton de 8,5% en mars. Il est attendu à ce que celle-ci reste élevée sur les prochains trimestres.

La Banque Centrale Européenne a confirmé que l’allègement de son programme de sauvetage se terminerait en juin et que le programme de rachats d’actifs se finira graduellement à la fin du troisième trimestre 2022 toutes choses égales par ailleurs. La Présidente Christine Lagarde laisse la porte ouverte à une première hausse des taux d’ici fin de l’année.

La Fed a relevé comme prévu ses taux en mars de 0,25% en annonçant clairement que d’autres hausses sont nécessaires. Le comité prévoit la réduction de la taille du bilan de la Fed qui est désormais de $9 trillions.

La politique de normalisation monétaire est également poursuivie par certaines banques centrales des pays émergents (Brésil, Taiwan, Corée, Hong Kong)

 

L’Europe plus vulnérable au conflit Russie Ukraine

L’Europe est un important importateur du pétrole et du gaz naturel de Russie, ce qui rend la zone très vulnérable au conflit actuel. Le risque d’une décélération économique en raison de coûts énergétiques élevés prolongés pourrait se matérialiser dans la région. Toutefois, l’accumulation d’épargne pendant les périodes de confinement, les politiques de stimulus budgétaire et la bonne situation du marché de l’emploi devraient mitiger ces risques.

Plusieurs pays ont pris des mesures budgétaires pour absorber une partie de la hausse des prix énergétiques pour les ménages. Les indicateurs avancés des directeurs d’achats (PMI) montrent une solide résilience avec des niveaux très largement supérieurs au seuil de 50 (frontière entre l’expansion et contraction).

La Commission Européenne a annoncé un plan ambitieux de réduction des importations de gaz de Russie de 2/3 avant la fin de l’année grâce à une plus grande diversification d’approvisionnement, une efficacité énergétique plus importante et l’accélération des investissements dans les usines éoliennes et solaires. Toutefois lors du sommet de Versailles, les dirigeants ont reconnu qu’il y avait peu d’alternatives à court terme au gaz naturel russe et qu’il était nécessaire de travailler sur une stratégie de long terme.

 

Un trimestre très difficile pour la Chine

Le premier trimestre 2022 a été dur pour les marchés Chinois. La vague Omicron a entraîné un arrêt de l’activité avec des confinements successifs dans plusieurs villes comme Shenzhen, Shanghai. Des fermetures d’usines ont exacerbé les ruptures d’approvisionnement dans plusieurs secteurs essentiels.

Des nouvelles mesures de soutien économiques annoncées par les autorités Chinoises lors du Congrès du Parti National, une amélioration de la croissance du crédit et la confirmation d’un objectif de croissance de 5,5% pour 2022 ont ramené une certaine confiance dans les marchés et un rebond des indices onshore et offshore à fin mars.

Notre analyse

Nous sommes clairement entrés dans un nouveau cycle. La belle chorégraphie entre la Fed et les marchés financiers des 30 dernières années s’est interrompue avec l’arrivée d’une nouvelle venue : l’inflation. Celle-ci est désormais à 4 fois l’objectif des 2% visés par la Fed.
Face à ces niveaux pas vus depuis 40 ans, le réveil des banquiers centraux est brutal et tel un écolier en retard, Jérome Powell a dû sortir de son confort et se vêtir de son costume de « méchant stabilisateur des prix » pour sonner la fin de la récréation et éviter que le cycle infernal de hausse des prix ne s’enclenche.

Or les indicateurs nous laissent penser que le cycle s’est enclenché avec un marché de l’emploi tendu à minima aux Etats-Unis. Alors que fera la Fed ? Elle n’a pas d’autre choix désormais que privilégier au soutien économique une hausse des taux accélérée. Cela aura un impact sans équivoque sur l’économie qui s’appuie sur l’endettement public et privé depuis des décennies. Les taux hypothécaires aux Etats-Unis ont progressé à hauteur de 5% , ce n’est pas rien et cela aura sans doute un impact sur l’immobilier américain .

Par ailleurs, les tensions entre la Russie et l’Otan mené par les Etats-Unis ne font que s’aggraver. Et les rhétoriques sur des attaques non conventionnelles font froid dans le dos… La Chine, quant à elle, avec ses mesures de restrictions extrêmes en raison de sa peur du Covid, pèse sur les chaînes d’approvisionnement et l’ensemble de l’économie mondiale.

Pour autant, on a Twitter qui se vend à $44 milliards alors que la société dégage des pertes de plus de $200 millions. Mais on peut compter sur son nouvel acquéreur, Elon Musk pour avoir de grandes ambitions…
Dans ce contexte, les premiers résultats trimestriels aux Etats-Unis des entreprises restent malgré tout solides. Ils sont sans aucun doute liés à l’abondance d’épargne et à la reprise post-Covid qui ont permis dans un premier temps à un grand nombre d’entreprises de répercuter sur les consommateurs la hausse des prix. Mais ne doutons pas que cela sera de plus en plus difficile au risque de gripper la consommation. La baisse de confiance des consommateurs aux Etats-Unis n’est pas de bonne augure.

Et pendant ce temps, la zone Euro souffre de sa proximité de la guerre et de sa dépendance énergétique avec la Russie. Sans oublier la crise alimentaire mondiale qui pourrait se profiler avec ce conflit car nous avons tous découvert que l’Ukraine est le plus grand exportateur mondial de maïs, farine et d’huile de tournesol. La Russie et l’Ukraine représentent de plus 28% des exportations mondiales de fertilisants faits de nitrogène, phosphore et potassium. Bref un grand nombre de nuages qui ne devraient pas aider au calme social. En France, l’ombre des grands mouvements sociaux en France se fait sentir. Les ni Le Pen ni Macron étaient déjà en Marche dimanche.

Alors dans cet environnement, notre rôle a consisté à maîtriser les risques plutôt qu’à chercher la performance ; nous nous efforçons de naviguer en sortant des sentiers battus et continuons à travailler sur le fonds. Nous restons fortement sous-pondérés sur les actions et privilégions les actifs suivants :

–         Sur les actions que nous sous-pondérons fortement, nous privilégions les actions hors zone Euro et notamment asiatiques, le thème de la sécurité (hors armement, militaire,…) qui reste selon nous à tous les niveaux un thème porteur (alimentaire, numérique,…).

–         Les produits structurés affichant un bon profil de succès à priori avec des coupons élevés

–         Les matières premières et le bitcoin qui est selon nous dans un creux actuellement

–         Toujours les actifs non cotés tels que le private equity, la dette privée secondaire…

Pour notre analyse plus détaillée, cliquez ici